En Balagne, les trains ne circulent plus depuis le 18 mars. Les Chemins de fer de la Corse espèrent rétablir prochainement un service minimum vers l'intérieur de l'île mais cette reprise d'activité se heurte à un phénomène d'une ampleur inédite au niveau de la pinède de Calvi : l'ensablement. De mémoire de Calvais, jamais il n'avait été aussi important.
De la sortie de ville jusqu'à la paillote In Casa, la voie ferrée longe la plage sur 1,5 kilomètre. Sans trains et surtout sans entretien depuis près d'un mois, le chemin de fer est à présent recouvert, par endroits, d'une épaisse couche de sable fin empêchant totalement la circulation des trains.
Image J.-F.P. pour Corse Matin
"Il y a jusqu'à 1,5 mètre de sable sur 80 mètres de long, assure Anthony Emmanuelli, responsable de travaux aux CFC. C'est une guerre de tous les jours, de tous les hivers à cause de la tramontane. Mais jamais à ce point-là. D'habitude, en venant régulièrement, on parvient à enlever le sable avec de simples pelles. Mais là, les quantités sont bien trop importantes."
La tramontane serait la principale responsable de cet ensablement. Ce vent fort venu du nord ouest soulève le sable très fin de la plage pour le déposer derrière, sur la voie ferrée, la promenade de bois et même sur les parkings.
Pour la première fois, les Chemins de fer de la Corse ont fait appel à une entreprise privée pour ce chantier de plusieurs jours. L'entreprise CRTP intervient depuis ce mardi à l'aide d'une mini-pelle mécanique et d'un tombereau d'une capacité de 6 tonnes. Rien qu'hier, l'engin de portage a effectué 70 norias entre les rails et le bord de mer pour y déposer du sable.
L'absence des paillotes, un facteur aggravant
Une fois le gros du sable enlevé, les agents des CFC interviennent à la main pour dégager le reliquat et libérer les rails. Un travail pesant, sachant que le vent aura toujours gain de cause.
"Le sable reviendra quoi qu'il arrive, concède Anthony Emmanuelli. Mais il est vrai qu'il revenait moins vite lorsqu'il y avait encore des paillotes. Il faudrait quelque chose pour le stopper ; de la végétation ou même des ganivelles. Je n'ai jamais vu autant de sable."
Avant la destruction des paillotes, le sable n'envahissait la voie ferrée qu'à certains points précis. Sans la barrière qu'elles procurent, l'ensablement va même jusqu'à encombrer les voies de circulation dans la Pinède. À certains endroits, seul un véhicule 4x4 peut s'y aventurer.
Sur la Marinella de l'Île-Rousse aussi, il arrive parfois que le vent n'entrave la circulation du train au niveau de l'ancre ou des sorties piétonnes. Mais l'accès est là-bas très vite dégagé. Dans la Pinède de Calvi, le travail de désensablement se poursuit aujourd'hui et très certainement demain. Avant que le train ne puisse faire son grand retour.
Reportage et image : Corse Matin